« Car tout est réglé dans les choses une fois pour toutes avec autant d'ordre et de correspondance qu'il est possible, la suprême sagesse et bonté ne pouvant agir qu'avec une parfaite harmonie : le présent est gros de l'avenir, le futur se pourrait lire dans le passé, l'éloigné est exprimé dans le prochain. On pourrait connaître la beauté de l'univers dans chaque âme, si l'on pouvait déplier tous ses replis, qui ne se développent sensiblement qu'avec le temps. Mais comme chaque perception distincte de l'âme comprend une infinité de perceptions confuses, qui enveloppent tout l'univers, l'âme même ne connaît les choses dont elle a perception, qu'autant qu'elle en a des perceptions distinctes et relevées ; et elle a de la perfection, à mesure de ses perceptions distinctes. Chaque âme connaît l'infini, connaît tout, mais confusément ; comme en me promenant sur le rivage de la mer, et entendant le grand bruit qu'elle fait, j'entends les bruits particuliers de chaque vague, dont le bruit total est composé, mais sans les discerner ; mais ces perceptions confuses sont le résultat des impressions que tout l'univers fait sur nous. Il en est de même de chaque Monade. Dieu seul a une connaissance distincte de tout, car il en est la source. On a fort bien dit, qu'il est comme centre partout ; mais sa circonférence n'est nulle part, tout lui étant présent immédiatement, sans aucun éloignement de ce centre. » 
 
Leibniz, Principes de la nature et de la grâce (1714), § 13

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